Pour répondre au besoin de pouvoir d’achat des gilets jaunes, le Président de la République a demandé aux banques et aux entreprises françaises de faire un effort. Les plus grands groupes tricolores se sont en particulier emparés de la possibilité de verser à leurs salariés une prime de fin d’année sans impôt. En revanche, cette mesure ne touchera pas les petites sociétés.

À la veille d’une nouvelle journée de mobilisation des gilets jaunes, dit Acte V, le Président de la République, Emmanuel Macron, espère que le renfort qu’il a reçu de la part des banques et des grands groupes tricolores va pousser une partie des mécontents à renoncer à la désormais traditionnelle manifestation du samedi.
Lundi 10 décembre dernier, lors d’un discours à la nation, Emmanuel macron a annoncé des mesures sociales en matière de Smic, de CSG et d’heures supplémentaires. À cette occasion, il a aussi annoncé qu’il recevrait à l’Élysée les banques et les grandes entreprises, afin de solliciter leur contribution. Chose faite dès les 11 et 12 décembre.
Les patrons des grandes banques françaises ont accepté de geler leurs frais bancaires pour 2019 et de plafonner les frais d’incidents bancaires à 25 euros mensuels pour les 3,6 millions de personnes "les plus fragiles". Ce qui reviendra, selon la Banque de France, à rendre aux ménages 500 à 600 millions d’euros de pouvoir d’achat.
Total et Orange au front
Du côté des entreprises, le Président demandait spécifiquement aux "employeurs qui le peuvent" de verser "une prime de fin d’année à leurs employés", celle-ci étant exonérée de toute taxe. Parmi les plus allants, on retrouve le pétrolier Total. Suite à sa rencontre avec le Président, le PDG du groupe Patrick Pouyanné tweetait : "Après une journée d’écoute et de débats et compte tenu des bons résultats de Total en 2018, nous proposons à nos organisations syndicales une enveloppe globale d’augmentation de 3,1 % et une prime exceptionnelle de 1500 euros pour tous nos salariés en France".
Orange se porte aussi au côté du Président. "Orange répondra présent à l’effort de solidarité nationale. Il est temps de mesurer nos atouts et de rassembler toutes les bonnes volontés pour repartir de l’avant, en n’oubliant pas le message des gilets jaunes !", explique le PDG Stéphane Richard. Intention qui se traduit concrètement par des primes allant de 500 à 1000 euros pour tous les salariés basés en France.
Un PIB amputé au quatrième trimestre
À cela il faut ajouter les groupes Iliad (maison-mère de Free), Altice (SFR, BFM), Publicis, Jacquet Metal Services, Solvay et Staffmatch. En revanche, une telle mobilisation va être bien plus complexe du côté des petites sociétés. "Malheureusement beaucoup d’entreprises ne seront pas en mesure de verser une prime, même nette de taxe ou nette d’impôt", explique François Asselin, président de la Confédération des PME (CPME).
Sur France Info, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, ajoute que le versement de cette prime sera d’autant plus "compliqué pour les entreprises du commerce qui viennent de passer deux mois catastrophiques". "Je pense que les événements actuels devraient nous faire perdre 0,1 point de croissance de notre richesse nationale au dernier trimestre", confirme le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Il ajoute "C’est la réalité. Celle des commerçants, des indépendants, qui ont vu leurs magasins samedi abîmés, vandalisés, pillés".
Ludovic Dupin avec AFP

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