Un discours d'Emmanuel Macron est diffusé sur des écrans avant l'ouverture d'un sommet sur le climat, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 12 décembre 2017

Un discours d'Emmanuel Macron est diffusé sur des écrans, avant l'ouverture d'un sommet sur le climat, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 12 décembre 2017

afp.com/LUDOVIC MARIN

"Sans une mobilisation beaucoup plus forte, un choc dans nos propres modes de production et de développement, nous [ne] parviendrons pas" à contenir la hausse des températures sous les 2°C. Emmanuel Macron tire la sonnette d'alarme dans une interview au journal Le Monde, deux ans, jour pour jour, après la signature de l'Accord de Paris qui a entériné cet objectif de 2°C. Le chef de l'État souhaite endosser la cape verte de leader des questions climatiques, et prend les responsables du monde entier, politiques comme économiques, au mot.

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À l'occasion du "One Planet Summit" organisé par la France ce mardi après-midi, le président de la République affirme: "on est en train de perdre la bataille" contre le réchauffement et le changement climatique. Un avertissement lancé devant des dizaines de dirigeants mondiaux. "On ne va pas assez vite et c'est ça le drame. On doit tous bouger car on aura tous à rendre compte", a-t-il déclaré devant l'auditoire réuni près de Paris, à la Seine Musicale.

Il faut 3500 milliards de dollars par an

Sur la base des engagements pris par les États, la planète se dirige toujours vers +3°C, par rapport à l'ère pré-industrielle, un seuil synonyme de dérèglements qui rendraient de nombreuses régions du monde inhabitables. Le chef de l'État français avait lancé l'idée de ce "One Planet Summit" après l'annonce par Donald Trump du retrait américain du pacte historique de 2015 contre le réchauffement terrestre.

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Juste avant la réunion, il a de nouveau interpellé, dans une interview à la chaîne américaine CBS, son homologue américain sur sa "responsabilité face à l'Histoire", tout en se disant "assez certain" qu'il allait "changer d'avis dans les mois ou les années à venir". "Le défi est immense, nous devons tout faire pour le relever", a insisté de son côté le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama, président de la 23e Conférence de l'ONU sur le climat (COP23) à l'ouverture de la réunion que les autres chefs d'Etat et de gouvernement rejoindront dans l'après-midi. "Nous savons que c'est la différence entre la vie ou la mort de millions de personnes vulnérables à travers le monde", a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d'accélérer "le profond basculement en train de se produire dans les investissements mondiaux".

Pour atteindre les objectifs de Paris, il faudra des investissements massifs. "L'Agence internationale de l'Énergie estime qu'il faudra en moyenne 3 500 milliards de dollars [d'investissements dans le secteur énergétique] chaque année pendant 30 ans pour contenir l'augmentation des températures à un minimum de 2°C", a souligné le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim il y a quelques jours.

"Nous entamons aujourd'hui le temps de l'action"

Un sacré défi quand on sait que ni la Chine, ni l'Inde ou le Canada, grands émetteurs de gaz à effet de serre, ne se sentent vraiment concernés par le sujet. En témoigne leur très faible représentation à ce sommet. Idem pour les États-Unis, dont le président n'était même pas invité par l'Élysée, qui a tout misé sur d'autres Américains qui ont fait le déplacement: l'ancien maire de New York Michael Bloomberg, le gouverneur de Californie Jerry Brown, son prédécesseur Arnold Schwarzenegger, ou le milliardaire Bill Gates.

"Ce que nous entamons aujourd'hui, c'est le temps de l'action car l'urgence est devenue permanente", a encore dit le chef de l'État devant les représentants de 127 États, des institutions internationales comme l'ONU et de personnalités du privé. Ces propos font écho à l'avertissement qu'avait lancé le président Jacques Chirac en septembre 2002, lors d'un sommet de la Terre, à Johannesbourg: "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs".

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Mais le sommet de mardi n'est pas qu'une conférence des donateurs, et doit se concentrer sur des "solutions concrètes". Parmi les annonces attendues: des dons de fondations, des coalitions pour la "neutralité carbone" ou contre le charbon et des engagements d'entreprises privées. L'assureur Axa a par exemple annoncé un désengagement accéléré de l'industrie du charbon, une "importante étape" applaudie par les Amis de la Terre et l'ONG allemande Urgewald qui juge que le Français va "beaucoup plus loin que les autres investisseurs internationaux".

Un groupement de plus de 200 grands investisseurs a de son côté décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre, pour qu'elles adaptent leur modèle à la lutte contre le réchauffement.

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