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Santé

Covid-19 : comme le VIH, le coronavirus entraine le suicide des cellules immunitaires

La majorité des cas graves du Covid ont un déficit de lymphocytes T, causé par un suicide en masse de ces cellules suite à l’infection. Mais cette apoptose peut être évitée, ouvrant la voie à un traitement pour les cas sévères.

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La majorité des cas graves du covid présentent une baisse considérable du nombre de lymphocytes.

La majorité des cas graves du Covid présentent une baisse considérable du nombre de lymphocytes.

Nicolas Liponne / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Une des caractéristiques communes à la plupart des patients avec une forme sévère du Covid-19 est une diminution considérable des lymphocytes T (lymphopénie), des cellules immunitaires chargées de détruire les cellules infectées par le virus. Un mécanisme déjà observé chez les patients infectés avec le VIH, virus responsable du Sida. Comme le rétrovirus, le coronavirus entraine le suicide cellulaire (processus nommé apoptose) de ces cellules, qu’elles soient infectées ou pas. Laissant le corps sans défense et s’ouvrant ainsi une voie pour une attaque frontale, entrainant ces formes graves de la maladie du Covid. Cette découverte a été publiée dans la revue Cell Death and Differentiation le 22 janvier 2022 par une équipe internationale impliquant des chercheurs de l’Inserm, l’Université de Paris, le CHU de Nîmes, l’Université Laval au Canada et l’Université de Minho au Portugal, qui non seulement mettent en lumière ce modus operandi du coronavirus, mais en plus montrent comment on peut leur empêcher de causer ce suicide en masse dans nos systèmes immunitaires.

Le virus n’a pas besoin d’infecter les lymphocytes pour entrainer leur suicide

Selon les auteurs, cette apoptose des lymphocytes T surviendrait chez environ 63 % des patients développant une forme sévère du Covid et affecterait les lymphocytes CD4 (qui aident à l’activation des autres lymphocytes) et CD8 (qui détruisent les cellules infectées). Cela entraine aussi un déficit de maturation des lymphocytes B, chargés de produire des anticorps contre l’envahisseur. Un effet déjà observé avec le virus Ebola, qui cause l’apoptose des lymphocytes T, ce qui diminue la réponse des lymphocytes B.

Cependant, le coronavirus n’a pas besoin de rentrer dans ces cellules pour entrainer leur suicide, donc leur mort n’est pas une conséquence de leur infection. Tout comme le VIH, qui entraine la mort cellulaire des lymphocytes CD4 infectés, mais aussi de ceux les entourant, causant un déficit immunitaire qui mène vers le développement du syndrome d’immunodéficience acquise (Sida), qui rend le patient vulnérable à un grand nombre de pathogènes. Sauf qu’avec le coronavirus, c’est lui-même qui profite de cette baisse immunitaire pour infecter divers organes du patient.

Bloquer les caspases suffit pour empêcher la mort des lymphocytes

Cette mort cellulaire programmée des lymphocytes T serait déclenchée par une activation des caspases, des enzymes qui débutent le processus de l’apoptose, activation observée chez des échantillons sanguins de patients en réanimation à cause du Covid. Les chercheurs avaient déjà observé ce même mécanisme avec le VIH, et avaient montré en 2018 qu’il était possible de stopper cet enchainement d’événements menant au suicide des lymphocytes en bloquant les caspases avec un inhibiteur, Q-VD (produit par l’entreprise américaine SelleckChem).

Ils ont donc tenté leur chance et ils ont traité des cellules issues des patients souffrant de Covid sévère avec cet inhibiteur. Résultat : bloquer les caspases diminuait de moitié le suicide des lymphocytes CD4 et d’un quart celui des lymphocytes CD8. Ce qui pourrait être suffisant pour protéger les patients et éviter le développement d’une forme grave chez la plupart d’entre eux. “L’idée est désormais de mettre en place des essais cliniques de phase 1 pour tester la sécurité des inhibiteurs de caspase chez l’Homme. Les lymphocytes T sont la clé de voûte du système immunitaire. Ainsi, ces molécules pourraient avoir une utilité à terme pour les patients présentant une lymphopénie lors de leur entrée à l’hôpital”, souligne le chercheur Inserm Jérôme Estaquier dans un communiqué. Un espoir de plus pour notre arsenal contre le coronavirus.

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