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Santé

Encore une fois, le vaccin ROR n'est pas lié à l'autisme, confirme une étude danoise

Près de 20 ans après qu'une petite étude falsifiée a suggéré un lien entre autisme et vaccin, une nouvelle étude vient confirmer qu'il ne s'agit que d'un "mythe", après avoir analysé les cas de 650.000 enfants danois.

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Encore une fois, le vaccin ROR n'est pas lié à l'autisme, confirme une étude danoise

L'étude de 1998 avançant un lien entre vaccin ROR et autisme ne portait que sur 12 enfants et a depuis été désavouée, ainsi que son auteur.

B. BOISSONNET / BSIP / AFP

Une très grande étude portant sur plus de 650.000 enfants danois suivis sur plus d'une décennie est parvenue à la même conclusion que plusieurs études précédentes : le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) n'augmente pas le risque d'autisme, même chez des sous-populations spécifiques. L'étude est publiée dans la revue Annals of Internal Medicine.

Aucun lien entre autisme et vaccin, même chez les populations à risque

"Nos études antérieures ont été critiquées, car elles ne répondaient pas à la crainte que la vaccination ROR puisse provoquer l’autisme dans des groupes spécifiques d’enfants présumés susceptibles", expliquent les auteurs dans la publication, citant les dix études menées sur les vaccins sur les enfants, dont six spécifiquement sur le vaccin ROR, qui n'ont trouvé aucun lien. Cette nouvelle étude, qui a pris en compte les données de l'ensemble des enfants danois nés de 1999 à 2010, suivis jusqu'en 2013, répond à ces critiques "en détail", soulignent les chercheurs. Dans cette nouvelle étude, ils évaluent "le risque d'autisme après vaccination ROR dans des sous-groupes d'enfants définis en fonction de facteurs de risque environnementaux et familiaux liés à l'autisme". Ces facteurs de risque comprennent notamment des cas d'autisme dans la famille, l'âge des parents, le tabagisme pendant la grossesse, la prématurité, ou encore un petit poids à la naissance. Les résultats sont clairs. "Nous n'avons rien trouvé en faveur de l'hypothèse d'une vaccination ROR déclenchant l'autisme dans des sous-groupes sensibles caractérisés par des facteurs de risque environnementaux et familiaux".

Une autre critique a été que le vaccin ROR soit associé à une forme régressive d'autisme, c’est-à-dire des cas rares dans lesquels sont observés des régressions de compétences, conduisant à un regroupement de cas apparaissant peu de temps après la vaccination contre le ROR. Là encore, aucun résultat n'appuie en faveur d'un regroupement des cas d'autisme après la vaccination ROR.

Beaucoup d'argent dépensé pour "débunker un mythe"

Les centaines de milliers d'enfants ainsi étudiés, sur des années, sont une population bien plus solide que les 12 enfants de la petite étude de 1998 souvent citée par les anti-vaccins comme montrant un lien entre ROR et autisme chez 4 d'entre eux. Cette étude a d'ailleurs été rétractée par la revue médicale qui l'avait publiée et son auteur Andrew Wakefield, qui avait falsifié les résultats, a perdu sa licence médicale. Pourtant, elle continue d'être citée par les militants anti-vaccins. Résultat, des ressources continuent à être allouées à des études telles que celle-ci, afin de souligner l'inexactitude de ce raté d'origine.

"Dans un monde idéal", ont écrit les chercheurs dans un commentaire publié dans la même revue, "la recherche sur l'innocuité des vaccins ne serait menée que pour évaluer des hypothèses scientifiquement fondées, et non en réponse à la conspiration du jour". Ils qualifient d'ailleurs l'association du vaccin et de l'autisme de "mythe".

"Il est difficile de démystifier un mythe", a déclaré au New York Times le Pr Sean T. O’Leary, pédiatre et porte-parole de la société américaine de pédiatrie. Y faire référence "risque de le renforcer. Tout ce que les parents se souviennent de votre explication complexe sur la raison pour laquelle les vaccins ne causent pas l’autisme, c’est qu’ils sont liés. Les pédiatres devraient donc se concentrer sur les maladies que nous essayons de prévenir et si vous devez vous attaquer à un mythe, assurez-vous de bien le qualifier ainsi".

EPIDEMIE. Aux États-Unis, chaque année depuis 2000, entre une cinquantaine et plusieurs centaines de cas se sont déclarés, alors que la maladie très contagieuse avait été déclarée éradiquée au début du siècle dans le pays. En France, d'après Santé Publique France, depuis le 1er janvier 2019, 288 cas de rougeole ont été déclarés en France (dont 81 hospitalisations et 23 formes compliquées type pneumopathies), contre 745 cas sur la même période en 2018. Pourtant, ce taux s'était stabilisé à seulement 260 à 360 cas par an de 2013 à 2015. 90% des cas sont survenus chez des sujets non ou mal vaccinés. La France, pays de Louis Pasteur, est désormais championne de monde de scepticisme contre les vaccins.

Avec AFP.

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