Reconfiner sans confiner tout en reconfinant

Philippe Walkowiak

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Par Philippe Walkowiak

Sempiternellement, une guerre de retard. L’impact des dernières décisions du Comité de Concertation (le brol où se retrouvent nos six gouvernements, notre ONU rien qu’à nous) ne peut encore être mesuré, qu’il faut déjà envisager un nouveau train de mesures. La fermeture des cafés et restaurants a surpris, ne reposant notamment sur aucune réalité tangible. L’Horeca confiné, à qui le tour ?

En retard

Demeure cette impression qu’une fois de plus c’est trop tard voire à côté de la plaque. La Belgique détient le record de contamination, à nouveau. Peut-on incriminer la population que l’on dit généralement sensibilisée ? À voir. Reste cette réalité : la contamination en Wallonie et à Bruxelles s’enflamme et le pire reste, paraît-il, à venir.

Depuis le début, ce Pays ne veut pas voir. Dès le début, ses dirigeants paraissent hésitants, quelque peu pusillanimes. La bonne volonté était patente, elle ne suffit pas. Les chiffres alarmants du printemps étaient, disait-on, dus à notre méthode de calcul trop pointilleuse. Le reportage de la RTBF dans les Maisons de Repos est pourtant glaçant d’inhumanité : on a laissé les aînés mourir et le personnel de santé démuni. Dès ce moment, la saga des masques illustrait l’incurie de la gestion. Ensuite ce furent, les tests, le traçage, le calcul de la quarantaine (un compromis !), le baromètre, etc.

Le gouvernement promettait 90.000 tests pour l’automne. On dépasse à peine la moitié de ce chiffre.

Nos autorités sentent qu’elles doivent agir mais donnent l’impression d’agir à l’aveuglette.

Improvisation

Devant la catastrophe, il ne reste que le confinement mais on y va à reculons. Sans oser le dire. Les cafés et restaurants fermés pour un mois, l’enseignement supérieur en cours à distance, les écoles qui s’y préparent sans le dire, le travail à distance obligatoire, les contacts rapprochés limités à une seule personne, il ne reste que l’activité économique.

Les politiques ne pourront pas poursuivre longtemps la litanie infantilisante du "lavez-vous les mains – gardez vos distances – prenez soin de vous et des autres". Leur impuissance finit par se voir. Les incantations ne suffisent pas. La pandémie a principalement révélé les failles béantes de notre structure institutionnelle, dans laquelle le personnel politique fait sans doute "son petit possible".

Ces derniers jours, les prises de décision s’enchaînent sans cohérence d’ensemble : l’école flamande un jour, la restauration un autre, le supérieur à un moment, le secondaire à un autre, la culture qui croise les doigts, la Flandre qui annonce son plan, la Wallonie qui avance de l’argent quelques jours plus tard, Bruxelles qui s’interroge sur sa commission Covid, Liège qui songe à un hôpital de campagne, chômeurs en renfort, etc. , et on vous épargne les querelles d’experts !

Comment dans ce fatras, le citoyen peut-il s’y retrouver et adhérer à quelques mesures que ce soit ? Comment ce citoyen peut-il comprendre que ce virus tue plus chez nous que chez le voisin allemand, où soit dit en passant il y a encore plus de ministres de la Santé qu’ici ? En mars comme en octobre, la Belgique se distingue. Macabrement.

Une nouvelle fois, nos gouvernements ont perdu le contrôle de la situation.

@PhWalkowiak

 

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