Alouette, palombe, plomb, projet de loi… Les raisons de la colère

  • Après l’alouette, la traditionnelle chasse à la palombe au filet menacée ? Les chasseurs du Sud-Ouest le craignent.  Photo DDM, archives P.C.
    Après l’alouette, la traditionnelle chasse à la palombe au filet menacée ? Les chasseurs du Sud-Ouest le craignent. Photo DDM, archives P.C.
Publié le , mis à jour
P.C.

Annulation des arrêtés ministériels pour l’alouette

L’annulation le 6 août dernier par le Conseil d’État des arrêtés ministériels qui autorisaient la chasse de l’alouette avec des filets et des matoles (cages-pièges) en Gironde, dans les Landes, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées Atlantiques a été "la goutte qui a fait déborder le vase" pour les chasseurs. Elle intervient après l’interdiction de l’ortolan, en 2016, de la chasse du pinson à la matole, dans les Landes, puis la mise hors la loi en juin dernier de la chasse à la glu des grives et des merles en région PACA, conformément au droit européen, mais aussi de l’interdiction de chasser la tourterelle des bois. S’ils ne contestent pas la situation délicate de l’ortolan, concernant le pinson et la tourterelle, les chasseurs estiment qu’il y a débat et que leurs arguments scientifiques et techniques n’ont pas été pris en compte alors qu’ils prônent une "gestion adaptative" pour ces chasses.

Stigmatisés alors qu’ils assurent une mission de service public

Le cas de l’alouette pose également un problème très spécifique, dans les Landes, mais qui parle à tous les chasseurs. Cette chasse traditionnelle, paysanne et populaire, est un symbole saisonnier comme la tourterelle des bois. Selon un chasseur landais, "filet, matole, affût, c’est la madeleine de Proust avec le grand-père et c’est le petit plaisir jusqu’au 20 novembre. Après et pour le reste de l’année, les chasseurs s’attellent au problème du grand gibier, véritable fléau ici. En 2019, les dégâts du sanglier ont été tels, dans les Landes, qu’après le paiement des indemnisations – réglées grâce aux cotisations des chasseurs– la fédération a connu un déficit de 1,6 M€. Les chasseurs sont donc tout le temps sur le pont pour juguler les populations et prévenir les dégâts dans les champs et sur les routes, avec les collisions. Ils assurent en l’occurrence un service public.

Or dans nombre d’ACCA, la chasse traditionnelle fait partie de l’ADN et les gens prennent surtout le permis pour cette chasse et comme partout ailleurs, ils entretiennent bénévolement les milieux pour qu’ils restent favorables au redéveloppement des espèces. Le risque, en l’interdisant, c’est qu’on perdra tous ces chasseurs qui seront aussi perdus pour les battues de régulation et l’entretien bénévole des espaces naturels".

De fait, la question des effectifs, vieillissants, se pose dans toutes les régions face au grand gibier (160 000 sangliers prélevés la saison passée en Occitanie, région où l’on compte 130 000 chasseurs).

Une menace sur la palombe ?

Dans le Sud-Ouest, l’oiseau bleu, la palombe est plus qu’un loisir : sa chasse au filet ou dans les palombières perchées, avec les appelants, procède d’un véritable art de vivre, d’une culture populaire vivante, du cercle amical de la cabane à la table familiale et jusque sur les menus des grands restaurants étoilés.

Pour les chasseurs, si la chasse à l’alouette au filet est interdite, celle de la palombe au filet sera aussi menacée alors qu’elle est la plus sélective et que partout l’oiseau est en pleine expansion dans la région, provoquant lui aussi des dégâts sur les cultures, notamment en période de semis. Une telle perspective d’interdiction n’est pas vécue seulement comme une absurdité, mais comme un casus belli.

Le projet de loi de Loïc Dombreval contre la maltraitance animale

Voté en janvier 2020 à l’Assemblée nationale en première lecture, ce projet de loi contre la maltraitance animale suscite aussi inquiétudes et colère. Selon les chasseurs, les directives de ce texte sont "tellement floues" qu’elles mettraient en danger tant l’agriculteur, l’éleveur, le gaveur de canards que le chasseur qui, lui, serait dans le collimateur quant à "la mise en danger" de ses chiens, par exemple, face aux gibiers dangereux, mais pourrait aussi se voir interdit d’élevage amateur puisque la reproduction serait plus sévèrement encadrée et ne pourrait passer que par des éleveurs professionnels.

Un chiffon rouge supplémentaire pour des pratiquants qui souvent placent leur animal de compagnie, son bien-être et son éducation au cœur de leur passion.

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