Covid : les séquelles sur le coeur et poumons s’estompent avec le temps

Les symptômes persistants du covid au niveau du cœur et du poumon semblent diminuer avec le temps. Et après un passage en soins intensifs, plus la rééducation démarre tôt, plus la récupération est rapide.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / crystal light

Les séquelles du covid persistent-elles longtemps chez les anciens patients ? Deux études présentées au congrès international de la Société Européenne de Pneumologie (ERS) affichent des résultats rassurants. Selon ces recherches, les dommages observés sur le cœur et les poumons s’estomperaient avec le temps et une rééducation pulmonaire entreprise rapidement après un séjour en réanimation permettrait d’améliorer la progression des patients.

Toux et lésions pulmonaires

La première étude porte sur le suivi pulmonaire et cardiaque de 86 patients infectés par le covid-19 et hospitalisés à la clinique universitaire de médecine interne d’Innsbruck, en Autriche, entre le 29 avril et le 9 juin. Ces patients ont été hospitalisés en moyenne pendant 13 jours, 21% ont été en unité de soins intensifs et 19% ont été intubés.

L’état de santé de ces participants a été évalué six semaines (un mois et demi) puis 12 semaines (trois mois) après leur sortie de l’hôpital. Ces visites incluaient un examen clinique, des tests sanguins, une évaluation de la fonction pulmonaire, une échographie du cœur et un scanner des poumons.

A la première visite, six semaines après la sortie de l’hôpital, 65% des patients souffraient d'au moins un symptôme persistant, principalement une difficulté à respirer et une toux. Par ailleurs, 88% des patients présentaient des lésions pulmonaires visibles au scanner.

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Un mécanisme de réparation

Lors de la deuxième visite, six semaines plus tard, ces lésions pulmonaires n’étaient plus présentes que chez 56% des patients et seulement 15% des patients toussaient toujours."La mauvaise nouvelle, c'est que les gens présentent une déficience pulmonaire due au covid des semaines après leur sortie de l'hôpital ; la bonne nouvelle, c'est que la déficience a tendance à s'améliorer avec le temps, ce qui suggère que les poumons ont un mécanisme de réparation", déclare la docteure Sabina Sahanic, co-autrice de l'étude, dans un communiqué de l’ERS.

Moins de dysfonctionnement cardiaque

Du côté du cœur, à la visite des six semaines, près de 60% des patients présentaient un dysfonctionnement du ventricule gauche. Un "signe de gravité de la maladie" plus qu’une atteinte cardiaque spécifique du covid-19, selon la docteure Sahanic, dont la proportion baisse aussi avec le temps.

Ces résultats restent préliminaires et devraient être complétés par un suivi à 24 semaines (six mois) et par davantage de données, puisque cette étude compte actuellement plus de 150 participants.

Mais en attendant, les premières conclusions "montrent l'importance de mettre en place un suivi structuré des patients atteints d'une forme grave du covid-19", d’autant que "le scanner a révélé des lésions pulmonaires qui n'ont pas été identifiées par les tests de fonction pulmonaire" avertit la docteure Sahanic, avant de conclure : "le fait de savoir comment les patients ont été affectés à long terme par le coronavirus pourrait permettre de traiter les symptômes et les lésions pulmonaires beaucoup plus tôt".

Remettre les muscles au travail

Traiter plus tôt pour mieux traiter est également le maître mot de la deuxième étude présentée au congrès de l’ERS. Selon les chercheurs de l’université de Grenoble qui en sont à l’origine, plus vite les patients covid débutent un programme de rééducation pulmonaire après l’arrêt de l'aide respiratoire, plus efficacement et plus rapidement ils se rétablissent.

Car l'absence de mouvement physique, en plus de l'infection et de l'inflammation graves, entraîne une perte musculaire importante y compris pour les muscles impliqués dans la respiration.

Des symptômes physiques et psychologiques

Cette étude s’appuie sur un petit groupe de 19 patients qui ont passé en moyenne trois semaines en soins intensifs et deux semaines en service de pneumologie avant d’être transféré en clinique de rééducation. Selon les chercheurs, les patients qui ont été admis en rééducation pulmonaire peu après avoir quitté les soins intensifs ont progressé plus rapidement que ceux qui ont passé une plus longue période dans le service pulmonaire où ils sont restés inactifs.

La recommandation de ces chercheurs est donc de transférer au plus tôt les patients en unité de rééducation, dès que leur état de santé le permet, et d’y combiner exercices physiques, conseils sur la gestion de l’essoufflement mais aussi du syndrome de stress post-traumatique qui peut aider les patients à se rétablir complètement.