Les Mureaux : du gaz de ville grâce à vos excréments

Et oui, les stations d’épuration où sont traitées les eaux usées peuvent produire un gaz vert et propre ! Ce sera le cas dans un an aux Mureaux.

 Les Mureaux, mercredi. Dans ces grands bacs, des milliards de bactéries digèrent les eaux usées et produisent du gaz. Plutôt que de laisser s’évaporer dans l’atmosphère, les industriels préfèrent désormais le récupérer avant de l’injecter dans le réseau de gaz.
Les Mureaux, mercredi. Dans ces grands bacs, des milliards de bactéries digèrent les eaux usées et produisent du gaz. Plutôt que de laisser s’évaporer dans l’atmosphère, les industriels préfèrent désormais le récupérer avant de l’injecter dans le réseau de gaz. LP/M.G.

    Les habitants de la vallée de la Seine pourront bientôt se chauffer grâce… à leurs toilettes. Le groupe Suez a posé ce mercredi la première pierre d'une usine de méthanisation aux Mureaux. Cet équipement fonctionne sur un principe diaboliquement simple : les gaz produits dans la station d'épuration des Mureaux seront récupérés pour être injectés dans le réseau de ville.

    Par quel procédé? Quand vous tirez la chasse, les eaux usées sont expédiées en station d'épuration où elles sont décantées et filtrées. Il en résulte des boues liquides, issues des excréments, qui vont subir plusieurs traitements et fermenter. Et c'est cette fermentation qui va produire du méthane, un gaz labellisé « bio » puisqu'il n'engendre aucune pollution. Au final, il s'agit donc de créer du bio grâce à du sale!

    /LP/Infographie
    /LP/Infographie LP/M.G.

    Une première en Ile-de-France

    Selon Suez, qui pilotera cet équipement, le gaz pourra chauffer 1 200 logements de la région. Les habitants n'auront toutefois pas la possibilité de savoir si leur chaudière utilisera du méthane bio ou non puisque à sa sortie d'usine, il sera directement injecté dans les conduites existantes.

    Financée en grande partie par la communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise, cette usine entrera en service fin 2019. Ce sera la seule en Ile-de-France à fonctionner sur ce principe. Le conseil régional, qui participe à hauteur de 8 % ce projet à 22,5 M€, veut en faire la vitrine d'une politique plus verte. « L'objectif, c'est d' augmenter la part d'énergie renouvelable en Ile-de-France, indique Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président (UDI) de la région, en charge de l'écologie. 90 % des énergies consommées en Ile-de-France sont aujourd'hui importées. Il est impensable de continuer comme ça. »

    En France, une autre installation de ce type existe à Strasbourg et un projet similaire vient d'être lancé à Marseille. Notre pays est pourtant à la traîne par rapport à certains voisins européens. En Suède, par exemple, la moitié des bus de la capitale Stockholm roulent grâce à du biométhane et ce, depuis plusieurs années.

    Au zoo de Thoiry, on opte pour le fumier d'éléphant

    Le privé aussi se met au biogaz. Le zoo de Thoiry a en effet choisi de construire une unité de méthanisation qui produit du méthane grâce au fumier des éléphants et aux résidus végétaux. Elle doit entrer en service dans les prochains jours.

    Huit communes alentour consommeront le biométhane made in Thoiry. Les animaux tropicaux du zoo seront chauffés avec le gaz qu'ils auront contribué à produire, ainsi que le château de Thoiry, inscrit à l'inventaire des Monuments historiques, qui deviendra le premier château de France chauffé au biométhane.

    Cette unité de méthanisation, portée par Colomba de la Panouse, la fille du créateur de la réserve africaine, a nécessité un investissement de 6,7 M€ dont 1,1 M€ est financé par le conseil régional et 1 M€ par l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).