C’était l’une des promesses du candidat socialiste François Hollande : réduire de 50 % la part du nucléaire dans la production d’énergie française. Elle revient sur le devant de la scène alors que s’amorce une très difficile négociation entre l’Etat et EDF, qui devra percevoir une indemnité lors de la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du territoire. Alors que le groupe public s’attendait à 2 ou 3 milliards d’euros, la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, a proposé... moins de 100 millions d’euros, révèle Le Monde vendredi 20 mai.
La loi de transition énergétique pour la croissance verte (août 2015) prévoit, dès son premier article, de « réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025 [contre 77 % en 2014] ». Et la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, vient d’annoncer que la feuille de route permettant de concrétiser cet engagement serait publiée « au plus tard le 1er juillet ».
La Cour des comptes estime, dans son dernier rapport annuel, que baisser la part de l’atome à 50 % du bouquet électrique revient à arrêter « de dix-sept à vingt réacteurs » sur les cinquante-huit que compte l’Hexagone.
Sept réacteurs en cinq ans
Or, si l’on rapporte cet objectif au quinquennat de François Hollande, c’est 1,3 à 1,5 réacteur qui devrait être fermé par an, soit sept réacteurs en cinq ans. Depuis 2012 et l’entrée en fonction de François Hollande, aucune centrale n’a été fermée. La fermeture de Fessenheim, en Alsace, a été annoncée, mais elle ne sera effective qu’en 2018, au moment de la mise en service prévue de l’EPR de Flamanville, dans la Manche.
Au-delà du volontarisme politique — le décret pour créer la première programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) « sera mis en consultation formelle avant l’été » — et de la problématique industrielle (affaiblir les géants tricolores EDF et Areva), est-il possible techniquement de rattraper le retard et de fermer sept réacteurs dans l’année qui vient ?
Concrètement, s’il s’agit de désactiver les réacteurs, le pari peut être tenable. L’exemple allemand le montre : huit réacteurs ont été fermés en cinq mois, après l’accident de Fukushima, au Japon.
Arrêter une centrale, c’est l’affaire de quelques semaines, affirme l’association Réseau sortir du nucléaire, voire de quelques mois :
« Techniquement parlant, ce n’est pas un problème majeur. On le fait régulièrement quand on change de combustible par exemple. »
La France en retard dans le renouvelable
Le problème, c’est que pour arrêter autant de centrales, les autres énergies doivent compenser pour continuer à répondre aux besoins toujours croissants de la population française en électricité. L’objectif est de développer les énergies renouvelables. Or la France est encore largement dépendante du nucléaire, et la part du renouvelable dans la production d’électricité peine à décoller.
La France se retrouve ainsi largement en retard par rapport à ses voisins européens. Le graphique ci-dessous montre que la part des énergies renouvelables y a diminué, à la fois dans le mix électrique de consommation et le mix énergétique (consommation de toutes énergies pour tous usages) du pays entre 2005 et 2014 :